Louis Hickel (1920-1977), résistant, médecin et conseiller général de Molsheim

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Figure emblématique de la vie locale au cours du troisième quart du XXe siècle, le Dr Louis Hickel est un homme d’exception, prématurément disparu le 4 juin 1977, dans sa 57e année.

Né le 12 octobre 1920 à Reichshoffen, François Xavier Emile Louis Hickel est le fils d’Alphonse Hickel, industriel à Reichshoffen, et de Marthe Meyer, originaire de Woerth. Après des études secondaires au collège de Bitche (Moselle), il s’inscrit à la Faculté de Médecine de Nancy à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Membre d’un réseau spécialisé dans l’évasion des prisonniers de guerre français, il est arrêté par la Gestapo le 1er mars 1943 et interné durant deux semaines à la prison Charles-III, à Nancy.

Après un bref passage au camp d’internement du fort d’Écrouves (Meurthe-et-Moselle), du 15 au 20 mars, Louis Hickel est transféré à Compiègne (Oise) au camp de transit de Royallieu, où il est interné du 23 mars 1943 au 1er juillet 1944. Enfin, les nazis le déportent vers le sinistre camp de concentration de Dachau (Bavière), où il séjourne pratiquement une année…

Du 1er juillet 1944 au 1er juin 1945, le futur Dr Hickel y est réquisitionné afin de soigner ses compagnons d’infortune – ce qu’il fait avec dévouement et abnégation – et, à la libération du camp, se porte volontaire pour assurer l’évacuation des grands malades. Durant cette sombre période, il côtoie d’autres déportés français, parmi lesquels le général Charles Delestraint (1879-1945), héros de la Résistance en tant que premier chef de l’Armée secrète. À Dachau, il rencontre également Edmond Michelet (1899-1970) qui, devenu ministre du Général de Gaulle, sera son « parrain » le 1er mai 1963, lors de la remise de la Croix d’officier de la Légion d’honneur.

À son retour de déportation et la paix revenue, Louis Hickel termine ses études médicales à Nancy. Lauréat de la Faculté de Médecine, il soutient brillamment sa thèse de doctorat le 13 décembre 1947 et s’installe l’année suivante comme médecin praticien à Molsheim. Le 14 septembre 1948, il y épouse Denise Muller, fille du Dr Paul Muller, médecin généraliste à Molsheim. De cette union naissent deux fils – Jean Bernard et André – qui ont suivi les traces professionnelles de leur père.

L’attitude exemplaire de Louis Hickel durant la Seconde Guerre mondiale lui vaut d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur et de recevoir la Croix de guerre avec palmes, le 29 décembre 1948, à seulement 28 ans. Il est promu officier de la Légion d’honneur en 1963, après s’être vu décerner la Croix du combattant volontaire, le 4 mars 1961.

Malgré son état de santé déficient, il ne peut s’empêcher de participer à la vie publique de la ville et du canton de Molsheim. Membre du conseil municipal sous la mandature de Henri Meck à partir du 8 mars 1959, il est présenté au général de Gaulle, nouveau président de la République, le 22 novembre 1959, à l’occasion de sa visite en Alsace.

Dans le domaine sportif, le Dr Hickel fonde en 1964 le Tennis-Club local, avec une poignée d’autres adeptes de ce sport émergent. Conseiller général gaulliste du canton de Molsheim à partir du mois d’avril 1967, il prend notamment une part active à la création de la voie rapide de la vallée de la Bruche et dans celle du Centre de loisirs de Molsheim-Mutzig et environs, sans compter ses nombreuses interventions dans le développement économique et culturel du canton.

Cependant, son trop long séjour à Dachau lui avait été particulièrement préjudiciable, à l’instar de bien d’autres déportés et internés : le samedi 4 juin 1977, alors que le Dr Louis Hickel participe à une manifestation publique à Dorlisheim, il est terrassé par une crise cardiaque.

Au lendemain de sa mort, son ami Pierre Klingenfus, maire de Molsheim depuis mars 1971, lui succède comme conseiller général. C’est également ce dernier qui, le 21 septembre 1986, prononce un émouvant panégyrique en sa mémoire, lors de l’inauguration du nouveau complexe du Tennis-Club (route des Loisirs), dont le Dr Hickel avait été président-fondateur, et où se trouve une stèle érigée en son souvenir :

« Profondément marqué par les nombreuses épreuves qu’il avait dû traverser, il donnait en permanence une leçon de vérité […]. À tous ceux qui l’ont approché, il a toujours su inculquer l’influx et le courage nécessaires pour surmonter les difficultés de tous ordres, qu’elles soient d’ordre économique, politique ou sportif ».

Très actif et particulièrement apprécié par ses contemporains, le Dr Louis Hickel est resté, dans la mémoire de ceux qui l’ont approché, comme un bon diplomate et un excellent praticien. Son fils aîné, Jean Bernard, lui a succédé en tant que médecin généraliste dans la demeure familiale de Molsheim, où se trouve toujours le cabinet médical.

Grégory OSWALD