Henri Meck (1897-1966), une vie politique au service des autres

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Député-maire de Molsheim de 1933 à 1966, ancien président du conseil général du Bas-Rhin, Henri Meck est décédé le jour de Noël 1966. Ayant oeuvré toute sa vie pour ses semblables, avec un courage inlassable et une générosité sans limite, il portait au coeur la passion de servir son prochain et son nom est inscrit à jamais dans l’histoire de notre ville et de notre pays.

Fils d’un dessinateur industriel de Saverne, Henri Meck entra dès 1919 au service des Syndicats indépendants d’Alsace et de Lorraine. Deux ans plus tard, il devint également secrétaire général de la Fédération française des mineurs (C.F.T.C.) dont le siège était à Metz. En 1922, il rentra à Strasbourg pour devenir secrétaire général de la Fédération des syndicats indépendants d’Alsace et de Lorraine. De 1932 à 1940, il fut d’ailleurs président de la Fédération internationale des syndicats chrétiens de mineurs.

Tout en gardant ses responsabilités syndicales, il entama alors une longue carrière de notable politique. Aux élections législatives de 1928, il fut élu au second tour député de Molsheim contre le radical Thormann. Son assise ne cessa de s’affirmer dans l’arrondissement, puisqu’il fut réélu – dès le premier tour – en 1932 et en 1936, tout en devenant conseiller municipal de Molsheim en 1932 et maire, le 24 juillet 1933. L’année suivante, il entra au conseil général du Bas-Rhin, comme représentant du canton de Benfeld.

A la Chambre des députés, Henri Meck se fit le porte-parole du syndicalisme chrétien et défendit à la tribune de nombreuses propositions de lois sur les assurances sociales, l’assurance chômage, les allocations familiales, les congés payés. En juin 1936, il refusa la confiance au gouvernement de Léon BLUM, mais vota la plupart des lois sociales proposées par le Front populaire.

En 1939, après l’évacuation de Strasbourg, le secrétariat des Syndicats chrétiens s’installa dans sa maison, rue de Saverne, à Molsheim. Profondément hostile au nazisme, il fut expulsé de sa ville par les Allemands à l’automne 1940, et séjourna à Avignon jusqu’à la Libération. Dès décembre 1944, il rentra en Alsace et reprit ses responsabilités syndicales.

En 1945, Henri Meck prit la direction politique du Parti catholique alsacien, intégré la même année dans le M.R.P. sur les instances de son ami Pierre Pflimlin. Plus que jamais, il défendit les revendications de la C.F.T.C. à l’Assemblée : président de l’Intergroupe du syndicalisme chrétien, il dirigea la commission du travail à plusieurs reprises. Lors de la généralisation de la Sécurité sociale, il réussit à obtenir le maintien du régime local des Assurances sociales (loi Meck du 23 août 1948). En 1957, il abandonna la présidence régionale des Syndicats chrétiens à Théo Braun, dont il fut nommé président d’honneur.

Malgré une santé précaire, il continua d’accumuler les mandats électifs : député du Bas-Rhin aux Assemblées constituantes, puis dans les Assemblées nationales de la IVe République, il retrouva en 1958 sa circonscription de Molsheim, à laquelle s’ajoutait désormais le canton de Villé. De même, il retrouva sa mairie dès la Libération, puis son siège de conseiller général de Benfeld (en 1955, il fut élu à Schirmeck et, en 1958, à Molsheim). De 1960 à sa mort, il présida le conseil général du Bas-Rhin. Lors de l’élection présidentielle de 1965, il soutint le général de Gaulle, malgré ses convictions européennes.

Maire de Molsheim pendant 33 ans (en tenant compte de l’annexion nazie), Henri Meck donna une vive impulsion à sa cité qu’il dota de nombreux équipements. Ainsi, dans le domaine économique, c’est sous son administration que fut créée la zone industrielle de la Hardt (1959) ; l’usine Bugatti passa sous le contrôle de Hispano-Suiza (1963), la société « Néolux » devint OSRAM (1964). Parallèlement, on assistait à la fermeture de l’usine Coulaux (1960) et à l’implantation de la société « Royal-Elysées », importateur en France des automobiles Mercedes (1965).

Du point de vue social, il faut retenir l’établissement à Molsheim d’une Caisse d’épargne (1945), la création de la S.E.M. « Le Foyer de la Basse-Bruche » (1956) et celle du complexe H.L.M., dit Cité des Rapatriés, quai des Anciens-Abattoirs (1962). En matière de culture et de loisirs, relevons l’institution de l’Office des sports, futur O.M.S.A.P. (1946), la constitution d’une bibliothèque municipale (1947) et d’un musée (1952), la création du Syndicat d’Initiative (1950), la construction d’un stade nautique (1953), etc.

Enfin, à cette époque se situent également la création du collège d’enseignement technique Industriel « Louis Marchal » (1945), la fermeture définitive du pensionnat Notre-Dame (1954) et l’inauguration de la « Cité scolaire Kling-Tournois » (1966), aujourd’hui Lycée Henri-Meck.

Au cours de ses 38 années de vie parlementaire (qui font de lui le recordman d’Alsace de longévité à l’Assemblée), Henri Meck fut confronté à tous les grands problèmes qui ont marqué cette longue période de notre histoire. Sous l’écorce de ce redoutable polémiste se dissimulait une bonté délicate : sa passion – sa seule passion – était de faire du bien aux autres, aux plus humbles et aux plus déshérités. Aujourd’hui, trente ans après sa disparition, les problèmes ont changé d’aspect, de nouvelles formes de pensée et d’action sont apparues, mais ce qui demeure, c’est la survie de son exemple

Grégory OSWALD