Henri Gerlinger (1899-1959), docteur en médecine et historien de Molsheim

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Ancien propriétaire du prieuré des chartreux, le Dr Henri Gerlinger est à l’origine du Musée municipal et de la Société d’histoire et d’archéologie de Molsheim et environs, fondée en juin 1952.

Un médecin francophile

Né le 25 décembre 1899 à Benfeld, Henri Gerlinger passa sa jeunesse à Sarrebourg, où son père (originaire de Lembach) était receveur de l’Enregistrement. Incorporé dans l’armée allemande au cours de la Première Guerre mondiale, il préféra rejoindre le camp français où il fut décoré de la Croix de guerre et de la Croix du combattant. La paix retrouvée, il s’inscrivit à la faculté de Médecine de Strasbourg et y fut moniteur d’histologie de 1921 à 1924. L’année suivante, il soutint brillamment sa thèse. Président-fondateur du Souvenir français de Molsheim, il fut expulsé en septembre 1940 par les nazis en raison de ses sentiments patriotiques.

Réfugié dans le département de la Vienne, il exerça la médecine dans différents lieux, avant d’être promu médecin-inspecteur de la Santé publique à Montmorillon en 1942. La famille retrouva Molsheim début 1945 et le Dr Gerlinger devint médecin-inspecteur à la préfecture de Strasbourg, puis adjoint au directeur départemental de la Santé publique. Spécialisé dans les questions d’hygiène et d’épidémiologie, il est l’auteur de plusieurs articles et notes savantes sur le sujet, un dur labeur récompensé en 1953 par la Croix de chevalier de l’ordre de la Santé publique.

Un érudit amoureux de Molsheim

Malgré l’étendue de sa tâche professionnelle, Henri Gerlinger faisait partie de ces hommes avides de savoir qui remontent aux sources et qui savent faire partager leur enthousiasme. Il avait la manie de collectionner et amassait à son domicile des quantités invraisemblables d’objets aux origines les plus diverses : timbres, gravures et monnaies anciennes, mais aussi des moulages de sceaux, des vestiges archéologiques, des minéraux et des fossiles. Par ailleurs, il possédait une belle bibliothèque de plus de 3000 livres (ouvrages de médecine, romans, littérature générale), dont plusieurs centaines d’alsatiques des XVIe-XIXe siècles.

Son œuvre littéraire ne représente pas moins d’une trentaine d’études et d’ouvrages consacrés aux arts et à l’histoire de notre région, parmi lesquels une fameuse monographie publiée en 1935 sous le titre Une page de l’histoire d’Alsace : Molsheim, pour laquelle il reçut le prix de l’Alsace littéraire. On lui doit également de nombreux articles historiques signés du pseudonyme de Lucien Gervais, au style précis et aux idées abondantes. Molsheim – dont le passé fut l’objet principal de ses recherches – lui doit surtout la préservation de ses archives et la création de son musée, dont il fut le premier conservateur, léguant au passage de nombreux objets personnels.

Grégory OSWALD