Date

18 novembre 2016

Heure

20h00

Echanges autour de lettres et de témoignages de soldats français et allemands

L’émotion était au rendez-vous lors du café-histoire organisé par la Société d’histoire et d’archéologie de Molsheim, consacré à la guerre de 14-18 en Alsace et dans les Vosges.

Article DNA du  23/11/2016
Molsheim – Café-histoire

Des témoignages forts

La quarantaine de membres, présents chez le viticulteur Philippe Heitz, a découvert la présence de Jacky Hervé, petit-fils du lieutenant Louis Domati, mort en 1916, au col de la Chapelotte dans les Vosges. C’est en tentant de sauver un sapeur asphyxié par des gaz que lui-même a succombé.

Au cours d’une sortie sur le terrain au col de la Chapelotte pour se documenter sur « la guerre des mines » entre Allemands et Français, la commission-animation, pilotée par Dany Schitter, a pris connaissance du sacrifice du lieutenant Domati. Recherches parmi les attaches vosgiennes et contacts ont permis la venue de Jacky Hervé, aujourd’hui établi dans le Loir-et-Cher près de Vendôme.

« Tu diras à mon enfant que son père est mort pour la France »

Très ému, il a raconté les difficultés qu’il a connues pour savoir « ce qui s’était passé, car la grand-mère (l’épouse de Louis Domati) ne voulait pas en parler ».

La soirée a été marquée par plusieurs temps forts. Ainsi, la lecture de lettres des Poilus à leurs familles par l’historien-guide Daniel Ehret a permis à l’assistance de mesurer la dureté des combats — « je ne peux comprendre que je suis encore en vie » — ou encore la souffrance dans les tranchées — « l’odeur de la mort gronde » —, avec des adieux tragiques à une épouse : « Tu diras à mon enfant que son père est mort pour la France. » Et aussi la tragédie dans les familles : trois frères, Alphonse, Joseph et Jean-Baptiste Scharsch, originaires de Dachstein : tous trois sont envoyés au combat. Joseph écrit en allemand à sa sœur Élise en août 1916 : « Merci pour le paquet, mon souhait est de vous revoir tous. » Mais lui et son frère Jean-Baptiste ne reviendront plus.

Après chaque lecture, des intervenants ont complété les faits par des précisions historiques. « La fraternisation entre soldats français et allemands est encore aujourd’hui niée par l’armée française », a souligné Guy Muller, le président de la Société d’histoire.

Le rappel de ces témoignages sur les horreurs et les malheurs de la guerre, même datés de 100 ans et connus, ont tout de même interpellé l’assistance. En référence à l’état actuel des tensions dans le monde : « Quelles leçons en avons-nous tiré, même pour l’Europe ? » a conclu, un brin pessimiste, Guy Muller.